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Témoignage de Marion Salmon-Thomas : une grimpeuse qui brise la glace

Par 17 avril 2024avril 22nd, 2024No Comments

Après avoir remporté le Trophée « Élite femme » de la dernière édition des Trophées des Sports le 7 mars dernier, Marion Salmon-Thomas revient sur son parcours de sportive de haut niveau en escalade sur glace, un sport méconnu.

Photo Marion Salmon-Thomas

Bonjour Marion, pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours ?

 

« Je m’appelle Marion Salmon-Thomas, j’ai 28 ans. Je pratique l’escalade sur glace à haut niveau depuis maintenant 7 ans. J’ai toujours aimé l’escalade. Petite, quand je faisais du bateau à voile, je grimpais sur le mat. J’ai commencé à grimper avec le club d’escalade de la Dégaine dans l’Ouest de Lyon, ensuite toute ma famille s’y est mise et maintenant ça fait 20 ans que j’y suis ! J’ai évolué des compétitions régionales jusqu’au niveau national en goutant au niveau international avec la discipline de la vitesse. Pour passer un cap supplémentaire à l’époque, il aurait fallu se spécialiser dans un type d’escalade (bloc, vitesse, difficulté) mais moi ce que j’aimais, c’était le combiné. C’est à ce moment-là, par l’intermédiaire d’amis qui étaient en équipe de France d’escalade, que j’ai découvert ce sport. . Je dois beaucoup à ces sports, j’y ai appris le respect, la tolérance et la persévérance ».

Quelles sont les spécificités de ce sport ? Et comment peut-on le pratiquer tout au long de l’année ?

 

« L’escalade sur glace, c’est comme de l’escalade de difficulté avec des piolets dans les mains et des crampons aux pieds. L’objectif, c’est d’aller le plus haut possible dans un temps imparti en alternant prises sur glace et sur bois. J’aime ce sport parce qu’on est en extérieur, au contact de la nature. J’aime la gestuelle. Pour moi, c’est comme une danse sur le mur où l’on cherche la limite entre pression et relâchement. En hiver, on s’entraîne à Champagny-en-Vanoise sur une structure artificielle d’environ 20m sur laquelle on fait couler de l’eau pour qu’elle gèle naturellement. Parfois, on est obligés de se rendre à l’étranger pour s’entraîner en situation réelle. Le reste de l’année, on alterne entre escalade en « dry » sur des falaises à Grenoble et pratique de l’escalade classique. On a même créé des structures dans nos garages avec des matelas pour pouvoir pratiquer ! C’est un sport qui demande une bonne forme physique, c’est pourquoi on fait également beaucoup de cardio et de musculation ».

© Nils Paillard

Vous êtes à la fois une sportive amatrice de haut niveau et une salariée chez Danone en tant que « Manager performance croissance et développement durable », pouvez-vous nous expliquer comment vous réussissez à partager votre temps entre les entraînements et votre travail ?

« Je travaille chez Danone depuis 2021 au sein de l’équipe performance. En ce moment, j’accompagne les équipes dans chaque projet de rénovation ou d’innovation d’un produit, à mettre en place un indicateur de carbone pour calculer son impact. Après avoir effectué mes études d’ingénieur en rythme aménagé à l’INP de Grenoble, j’ai souhaité faire une pause du haut niveau pour travailler à temps complet. Au bout d’un an, je me rendais compte que j’étais moins performante et épanouie. Nous nous sommes donc accordés avec mon employeur sur un poste à mission à 80% puis finalement à mi-temps . Ce poste me permet d’apporter une valeur ajoutée à l’entreprise, tout en n’étant pas constamment présente. Sur une année, je suis absente durant la saison hivernale pour participer aux entraînements et aux compétitions et je compense en travaillant plus en amont et en aval de cette période. J’ai toujours aimé bénéficier de différentes facettes de la vie et les combiner en mettant de l’intention dans toutes mes activités, aussi diverses soient-elles, pour être à 100% dans ce que je fais. Mon travail me permet de me sentir utile et d’être entourée de personnes qui ont un univers complètement différent. Parfois ces deux milieux se rejoignent. Par exemple, Danone m’a récemment proposé, en tant que partenaires des Jeux, d’intervenir à des conférences. »

Cette année est particulière pour le monde du sport avec les Jeux Olympiques et Paralympiques d’été de 2024. Allez-vous profiter de cet événement pour vous engager ?

 

« Ce qui est génial avec les Jeux, c’est que c’est vecteur de bien-être et de performance. Ça permet de mettre en lumière tout ce peut apporter le sport à une société. J’ai envie d’encourager ce message, peu importe le niveau ou l’activité, juste bougez au moins 30 à 45 minutes parce que ça fait du bien, c’est prouvé ! La sécrétion d’endorphines libérée par le cerveau fait du bien. J’ai donc déposé une candidature par le biais de Danone pour être volontaire pendant les Jeux. Je serai au Stade de France et m’occuperai de l’accueil et de l’installation des spectateurs lors des compétitions d’athlétisme. C’est incroyable de vivre les Jeux de l’intérieur et j’espère qu’un jour mon sport y sera ! Une candidature a été proposée pour l’escalade sur glace pour les Jeux des Alpes 2030, ce serait un beau projet ! »

Et sportivement, quels sont vos objectifs de l’année ?

 

« En janvier dernier, j’ai eu la chance d’obtenir la signature d’une CIP (Convention d’Immersion Professionnelle) entre la fédération d’escalade, l’Agence Nationale du Sport et Danone pour une durée de 6 mois. Cette subvention aide les athlètes à financer leur saison. Je suis également en recherche de sponsoring pour m’aider à financer les dépenses liées à cette activité sportive. Je vais participer fin avril aux Championnats de France puis m’attaquerai à la préparation de la prochaine saison prochaine à la quête d’un rêve de chanter la marseillaise sur un podium. Organisation des déplacements, rassemblements, finances, entraînements… le jeu des sports de niche c’est qu’on doit tout organiser en autonomie, on va même jusqu’à construire nos structures d’entrainement. C’est formateur ! Je suis en quelques sorte, une auto-entrepreneure de mon sport. J’en profite pour remercier ceux qui permettent cette aventure : ma famille évidemment, Danone, l’ANS et MRP, Simond, Obiz, La Plagne, Cooknrun, La dégaine, la fédération.. »